L’après Charlie Hebdo ou la nécessité de défendre la liberté de la presse en France
- Léonie Delahoutre
- 3 mars 2024
- 4 min de lecture
07 janvier 2015.
C’est une date qui ne s’oublie pas.
C’est la date de « Je suis Charlie ».
« Je suis Charlie » ou l’un des attentats contre des journalistes les plus graves en France
Le 07 janvier 2015, à 11 heures 30, deux hommes armés entrent dans les locaux de Charlie Hebdo armés de fusils d’assaut et assassinent douze personnes, dont huit membres de la rédaction.
Cet attentat terroriste, revendiqué plus tard par l’organisation djihadiste Al-Qaïda, fut le premier et le plus meurtrier des trois attentats ayant touché la France en 2015.
Charlie Hebdo est un « journal satirique et laïque », connu pour ses nombreuses caricatures sur différents sujets comme la religion, la politique ou encore la culture. Les journalistes étaient précisément visés par cet attentat terroriste, notamment du fait des nombreuses caricatures de Mahomet publiées par le journal.
« La France a été touchée dans son cœur. Chaque Français aujourd’hui est touché, horrifié », furent les mots de Manuel Valls, alors premier ministre sous Hollande, illustrant parfaitement l’état du pays après ces attentats. « Je suis Charlie » est devenu un slogan de lutte contre le terrorisme et un moyen pour tous les français et dans le monde d’affiché son soutien au journal et aux journalistes.
A travers cet attentat, c’est avant tout la liberté de la presse qui est remise en cause, un principe clé de la République Française.
La liberté de la presse : un principe essentiel de la démocratie
Pour définir la liberté de la presse, il est nécessaire de revenir aux fondamentaux. « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit », telle est la définition de la liberté d’expression selon l’Article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
La liberté d’expression définit ainsi la liberté de la presse tout comme la liberté d’information. C’est le fondement de la démocratie. La liberté d’information est inhérente à la liberté d’expression et permet à tous et chacun d’avoir, supposément, un libre et égal accès à l’information partout dans le monde.
Dans une démocratie, la liberté de la presse et des médias doit être garantie au plus haut point. Des médias libres, indépendants et pluralistes sont essentiels pour garantir aux citoyens un accès libre, juste et égal à l’information.
En France, la liberté de la presse est inscrite dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen mais également dans la Convention Européenne des Droits de l’Homme. Il y a également la loi du 29 juillet 1881 définissant les libertés et responsabilités de la presse française. Cette loi sera plusieurs fois aménagée (en 1972 et 1990) pour poser certaines limites de la liberté d’expression comme la diffamation, l’injure, la provocation à la haine ou encore l’apologie du terrorisme. Selon le cadre légal de la liberté de la presse en France, il n’y a pas de délit de blasphème mais il faut néanmoins faire une distinction entre l’expression des idées et la protection des personnes.
L’après Charlie Hebdo : une liberté de la presse toujours autant remise en question
Les attentats de Charlie Hebdo ont totalement remis en question la liberté de la presse en France, et ont fait comprendre aux citoyens et aux journalistes la place fondamentale de la presse dans le pays.
L’Organisation Non Gouvernementale (ONG) Reporters Sans Frontières place la France à la 24ème position de son classement des pays du monde selon la liberté de la presse. Si le paysage médiatique français est large et pluraliste, le cadre légal présente des lacunes, notamment concernant la protection des sources des journalistes. Selon l’ONG, il y a également une certaine défiance envers les journalistes se traduisant par des attaques ou des violences verbales et physiques. Des journalistes doivent également bénéficier d’une protection policière, notamment en raison des attentats contre Charlie Hebdo.
Les attaques contre les journalistes n’ont pas cessé à la suite de cet attentat meurtrier, remettant toujours en cause la liberté de la presse en France. Quelques jours avant l’ouverture du procès contre les auteurs de cet attentat, en 2020, Charlie Hebdo publie de nouveau en une de son hebdomadaire, les caricatures de Mahomet, ce qui provoque la colère de nombreux pays arabes comme le Pakistan ou la Turquie. Des journalistes sont placés en protection policière et sont régulièrement la cible de menaces de mort. Cette situation ne laisse de marbre ni les citoyens, ni les journalistes : une trentaine de médias français avait alors écrit une tribune défendant la liberté d’expression et la liberté de la presse. Ils appellent à la mobilisation des citoyens, des responsables politiques ou encore des journalistes pour défendre la liberté. « Si nous le faisons, c’est parce qu’il nous a paru crucial de vous alerter au sujet d’une des valeurs les plus fondamentales de notre démocratie : votre liberté d’expression », c’est ainsi que commence cette tribune, lourde de sens, rappelant de nouveau la nécessité pour tous les français de défendre la liberté d’expression et la liberté de la presse.
Pour aller plus loin : la presse française en chiffres
2,7 milliards d’exemplaires (magazines, quotidiens et presse professionnelle confondus) vendus en 2022.
33 600 cartes de presse délivrées en 2022.
24ème place au classement mondial de la liberté de la presse selon le 21ème rapport annuel de Reporters Sans Frontières.
Léonie Delahoutre
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