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Nos amis les bêtes

Se vêtir, s’habiller, se saper, … lequel utilisez-vous ? Tant de désignations que nous utilisons, pas toutes au quotidien, pour habiller notre corps. Hier, nos habits faisaient office de barrière vitale face aux agressions météorologiques, aujourd’hui ils nous permettent de nous affirmer. Avoir chaud, ou toucher le froid, restent les piliers de la plupart nos tenues. La mode a fait son apparition, apportant dans son sillage le goût du futile et du beau. Bonne ou mauvaise chose, à chacun de se faire son propre avis. Les animaux ne lui ont pas échappé. Fourrures, cuirs, plumes, autant de matières premières dont quelques créateurs raffolent. Elles défilaient pour les plus grands au début du XXIe siècle avant de subir un contrôle et une répression de plus en plus féroce. Associations, particuliers, pays, ils sont nombreux à pointer du doigt les vêtements d’origine animale. Les questionnements se multiplient et le problème éthique n’est plus le seul à entourer ce secteur.


Comment vivent ces animaux ? Dans quelles conditions ? Si en France il est interdit de tuer un animal sauvage pour son pelage, il y est néanmoins légal de tuer des animaux d’élevage pour la même raison. En 2010, elle accueillait 285 élevages d’animaux à fourrure. Aujourd’hui, entre autres, une dizaine d’élevages de lapins Orylag et environ quatre élevages de visons d’Amérique continuent leur activité. Ce secteur est néanmoins réglementé et encadré. La Fédération de la fourrure française, branche de la Fédération Internationale de la fourrure, regroupe différents acteurs. Elle encadre les activités du secteur de la fourrure autour de grands principes, comme la traçabilité et la certification du bien-être animal, le soutient aux jeunes créateurs et le respect de l’environnement. Cependant, les associations militant pour le bien-être animal dénoncent des conditions de détention particulièrement cruelles, des cages étroites et surpeuplées, un manque d’hygiène évident, propice au développement de maladies et d’infections. La mise à mort de ces animaux est dénoncée comme particulièrement cruelles et inhumaines.


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La nature des animaux tués inquiète. Si selon les étiquettes le cuir provient d’animaux communément utilisés dans cette industrie, comme les bovins, selon PETA France, « quand vous portez du cuir, il est difficile de savoir à qui appartenait la peau que vous portez ». Selon eux, il semblerait que du cuir provenant de chien soit utilisé en guise de matière première dans la fabrication de gants, de ceintures, … Les produits manufacturés concernés sont ceux provenant de pays asiatiques, comme l’Inde ou la Chine. Ces pays étant plus souples dans l’encadrement de ce secteur, il est plus difficile de tracer précisément l’origine et la nature du cuire importé.


Les questionnements éthiques ne sont pas les seuls à structurer le débat. Les coups portés à l’environnement par cette industrie divisent les esprits. La Banque Mondiale a classé l’industrie de la fourrure comme l’une des plus polluantes. Elle est en effet responsable de la pollution de sources d’eau potable, dû au déversement des produits chimiques utilisés. Pour éviter le phénomène de putréfaction des peaux, et donc des fourrures, les producteurs utilisent des produits chimiques, tels que le formaldéhyde, dont les solutions aqueuses sont le formol. L’industrie du cuir n’est pas en reste. Les élevages de bovins sont responsables du rejet d’une grande quantité de méthane et profitent notamment de la déforestation de l’Amazonie pour se développer. Le tannage et la teinture des peaux nécessitent entre autres des dérivés du goudron, rarement biodégradables, ce qui pollue les alentours. La santé des populations locales est donc particulièrement touchée, comme celle des ouvriers étant en contact direct avec les animaux.


Des pays ont décidé cependant d’encadrer plus sévèrement ce secteur. Israël, en 1976, a interdit l’élevage d’animaux à fourrure. Le 9 juin 2021, il est allé plus loin dans la protection de ces animaux en interdisant le commerce de fourrure, mis à part quelques exceptions, comme pour les besoins de la recherche, de l’enseignement ou pour des traditions religieuses. En Norvège, en 2016, s’est tenue la plus grande manifestation anti-fourrure d’Europe, suivi par une décision gouvernementale en 2018, de fermer, d’ici 2025, 250 fermes. D’autres ont décidé de se prémunir à toute ouverture d’élevage à fourrure. C’est le cas du Luxembourg, qui a décidé d’interdire tout élevage à fourrure sur son sol en 2018.

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Des grands noms de la mode se sont aussi emparés de ce sujet en bannissant complètement la fourrure de leurs collections. En 1994, des supporters de la PETA ont occupé les locaux de Calvin Klein à New-York. À la suite de cela, la marque a renoncé à utiliser cette matière. Le groupe Kering a annoncé renoncer à l’utilisation de fourrure d’ici l’automne 2022. Certaines des marques qu’il regroupait avaient déjà fait ce choix, comme Gucci dès 2018, Bottega Veneta et Alexander McQueen. Stella McCartney, pionnière dans le domaine, n’a jamais utilisé ni de fourrure, ni de cuire et ni de plumes dans ses collections. Elle prône une mode écoresponsable. En 2019 elle lançait une fausse fourrure créée à partir de résidus de maïs.


La PETA, association majeure dans la protection des animaux, joue un rôle majeur dans le débat. Elle n’hésite pas à diffuser des images qui peuvent choquer, pour sensibiliser la société civile sur le sort de ces animaux. Elle ne se limite pas non plus à produire des documentaires lisses et politiquement corrects. Elle livre à son public de véritables images, issues par exemple d’élevages spécialisées dans la production de fourrure. Elle diffuse aussi des campagnes en partenariat avec des célébrités, comme Sia, en 2014.


Le débat autour de l’utilisation de matière animale dans la mode ne cesse de diviser, chaque parti ayant des arguments précis et construits pour se défendre, autour de questions éthiques et environnementales.

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