Récap de l'actualité internationale de la semaine du 28/11/2022
- Le Canari
- 4 déc. 2022
- 3 min de lecture
La Chine voit son contrat se briser
Depuis une semaine, la population chinoise montre son mécontentement à travers tout le pays. De Pékin à Shanghai en passant par Wuhan, la colère explose. Ces manifestations sont les plus importantes que le pays ait connu depuis des années, notamment depuis Tiananmen en 1989, certains participants appelant même à la démission de Xi Jinping et au démantèlement du Parti Communiste Chinois (PCC).

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Si l’élément déclencheur de ces mobilisations s’incarne en l’incendie meurtrier, le 24 novembre, d’une résidence confinée du Xinjiang dont les issues avaient été cadenassées pour des raisons sanitaires, empêchant les occupants de fuir, la raison de la colère est plus profonde. Les manifestants, jeunes pour la plupart, critiquent les restrictions imposées par la stratégie Zéro Covid du gouvernement depuis bientôt trois ans. Sur le plan économique, les conséquences en sont désastreuses : le chômage des jeunes a atteint un taux record de 20 %, les bénéfices des entreprises se sont effondrés et la croissance économique est restée bien en deçà des prévisions de Pékin. Cette situation a intensifié la pression pour assouplir les restrictions afin de sauver l'économie en déclin et de rétablir un semblant de vie normale. D’une façon plus large, c’est toute la politique liberticide du PCC qui est remise en cause. Certains osent réclamer plus de libertés. L’exaspération semble plus forte que la peur.
Face à l’ampleur des manifestations, qui ont réussies à s’organiser en contournant la censure, le principal organe de sécurité du PCC a appelé à la répression des « forces hostiles » mardi 29 novembre. La présence policière s’est intensifiée sur les points de rassemblement, qui se sont vus balisés de palissades pour empêcher leur progression. Des manifestants disent avoir reçu des appels de la police les interrogeant sur leur présence aux rassemblements. Quant à la censure, elle s’est amplifiée sur les réseaux sociaux : sur la plateforme Weibo notamment – l’équivalent de Twitter en Chine – les informations concernant les manifestations ont mystérieusement été effacées.
Toujours est-il que face à l’ampleur des manifestations et de l’activité sur les réseaux sociaux, la censure du PCC est poussée à ses limites. Selon de nombreux experts, le volume considérable de clips vidéo témoignant de la profonde colère qui règne en Chine a très probablement dépassé les logiciels automatisés et les armées de censeurs chargés de surveiller Internet.
Xiao Qiang, chercheur sur la liberté en ligne à l'université de Berkeley, a déclaré qu' il s'agissait d'une rupture décisive du grand silence. Le pacte de confiance semble s’effriter.
Alexandra Fleisch-Viard
Iran : vers l’abolition du code vestimentaire pour les femmes ?
Depuis trois mois, les manifestations font rage en Iran. En cause : l’arrestation de Mahsa Amini pour infraction du code vestimentaire féminin, ayant ouvert une vague de contestation envers - entre autres - l’obligation du port du voile. La colère n’a aujourd’hui toujours pas faibli dans le pays, ce qui est très probablement à l’origine de l’annonce du démantèlement ce dimanche 4 décembre de la police des mœurs iranienne.

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Ces événements interviennent également dans un contexte de durcissement des restrictions envers les femmes, symbolisé par l’instauration d’une loi supplémentaire obligeant le port du foulard sur le cou et les épaules depuis cet été. S’affrontent alors deux camps : un premier majoritairement féminin en faveur de la liberté vestimentaire, face aux conservateurs souhaitant garder cette tradition de 1983.
C’est lors d’une conférence au sujet de la religion que le procureur général du pays a déclaré l’abolition de la Gasht-e Ershad. Créée par le président très conservateur Ahmadinejad en 2006, celle-ci avait pour tâche unique de contrôler la tenue vestimentaire ainsi que les cheveux des femmes dans les rues. Reconnaissables à leurs uniformes verts pour les hommes, ceux-ci patrouillaient alors pour “répandre la culture de la décence et du Hijab” selon les mots d’Ahmadinejad.
Durant cette même conférence, le procureur général du pays a également annoncé que le Parlement et la justice du pays “travaillaient” sur les lois liées au voile féminin, sans plus de précisions. Samedi, déjà, le président du régime théocratique s’était présenté comme enclin à de possibles changements dans “les valeurs et principes solides et immuables” de la constitution iranienne. Simple tentative d’apaisement ou réelle volonté de faire un pas en avant ? Les prochains jours détermineront plus précisément l’issue de la question.
Pour les Iraniennes, cette abolition représente une première avancée vers la reconnaissance de la souveraineté des femmes sur elle-même et sur leur façon de s’habiller. Les prochaines discussions législatives autour de l’obligation du voile pourraient de même faire progresser leurs droits, mais leur seule tenue reflète déjà l’ampleur des manifestations. En dehors ou au-delà des frontières de l’Iran, elles partagent un objectif : revendiquer de façon plus générale les droits des femmes à disposer d’elles-mêmes.
Mélyne Kotarlic



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