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Bouteflika renonce à un nouveau mandat… mais reste Président

Après deux semaines de manifestations intenses à travers tout le pays, le président Abdelaziz Bouteflika a finalement renoncé le 11 mars dernier à briguer un cinquième mandat. Les protestations qui avaient, depuis le 22 février, pris une ampleur inédite en se propageant rapidement par les réseaux sociaux, se sont pour la plupart déroulées dans la non-violence, et très peu d’affrontements avec la police ont été reportés. Elles témoignent d’une profonde colère après ces vingt années que Bouteflika a passé à la tête du pays.

Ce dernier, chef de l’Etat depuis 1999 n’a plus fait une seule apparition publique depuis 2013, après avoir été victime d’un AVC. Hospitalisé en Suisse à partir du 24 février, officiellement pour effectuer des examens médicaux, beaucoup se posaient la question de son aptitude à être président du fait de sa diminution physique, mais aussi de son âge de 82 ans. La personnalisation progressive du pouvoir a peu à peu abouti à une restriction des libertés, mais depuis son AVC, il ne fait plus de doute que le pouvoir appartient davantage à son entourage qu’à lui-même, donnant l’impression d’une « marionnette » selon les slogans des manifestants.

Les autorités avaient bien tenté de mettre fin à la vague de contestation. Le Premier Ministre Ahmed Ouyahia avait notamment évoqué le risque d’une situation semblable à la Syrie, en mettant en avant la menace des islamistes. Mais, apparemment, les gouvernants ont dû lâcher prise face à l’ampleur de la contestation.

Cependant, certaines annonces laissent entrevoir une ambiguïté, reportée par le quotidien El Watan. En effet, Bouteflika a reporté l’élection, initialement fixée à la date du 18 avril, et prolonge ainsi la durée du mandat qu’il effectue actuellement. De plus, la question d’un changement de régime est également très présente à l’esprit de tous. Alors que certains appellent à changer de constitution, beaucoup craignent que le report de l’élection ne permette à Bouteflika de conserver le pouvoir pour un certain temps encore afin de laisser au régime le temps d’organiser son remplacement.

Dans ce qui ressemble à une dernière onde de choc du Printemps Arabe, la question de la transition démocratique a notamment été abordée par le président français Emmanuel Macron qui a appelé à de nouvelles élections dans « les prochains mois ». Le risque majeur est celui de prendre le chemin emprunté par l’Egypte après le changement de régime entre 2011 et 2014, qui a mené Al-Sissi à la tête du pays après une contre-révolution menée par l’armée.

Pour l’instant, la question de nouvelles élections demeure sans réponse. Dans la lettre annonçant son renoncement à un cinquième mandat, Bouteflika ne précise pas la date de leur report. De plus, il a été annoncé que ces élections vont se dérouler sous la surveillance de la Haute Instance indépendante de surveillance des élections, créée en 2016, qui n’est, en réalité, qu’un organe du régime. Ce qui a pris l’apparence d’une victoire de la rue sur le régime autoritaire de Bouteflika ressemble maintenant à une mise en scène du régime, cherchant à tout prix à éviter une révolution qui lui serait fatale.


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